Carême et Ramadan, une même réalité?

Le soir du 10 mars, les musulmans sont entrés dans la période du Ramadan. Ce temps se superpose au temps du Carême chrétien, qui a commencé mercredi 14 février et il n’est pas rare de l’entendre comparer au Ramadan des musulmans.

Si le jeûne reste un marqueur commun, la finalité diffère :

Le Carême est une période de préparation à la fête de Pâques. Comme le peuple hébreu avait vécu au désert pendant quarante ans avant d’atteindre la terre promise, ainsi le peuple chrétien se prépare pendant quarante jours à la vie nouvelle offerte par le Christ. Le Carême poursuit l’objectif d'ouvrir son cœur afin d’accueillir avec foi et humilité l’action de Dieu et se mettre en sa présence.

Le Ramadan, nom du neuvième mois du calendrier lunaire, est une pratique commandée par le Coran (2,187) à laquelle est associé le jeûne qui constitue l’un des 5 piliers de l’islam. C’est d’abord la vertu d’obéissance qui est appelée à s’exercer dans le Jeûne. Face à Dieu, l’homme se remet à sa place d’humble adorateur. Le Ramadan poursuit l’objectif de plaire à Dieu, reconnaître ses bienfaits et le don du Coran.

Extraits de l’entretien du journal La Croix avec : 
Sœur Juliette Ploquin, religieuse,
Xavière et Kalilou Sylla, imam de la Grande Mosquée de Strasbourg.

Lorsqu’on interroge Sœur Juliette Ploquin sur l’objectif du Carême : « La notion de virtuosité est piégeuse : dans la foi chrétienne, pour progresser, il faut commencer par s’abaisser. Je crois que nous sommes plutôt invités à reconnaître nos péchés et à faire l’expérience de la dépendance totale à Dieu. La dimension de vertu morale – même si elle est présente – me semble presque secondaire. Pendant le Carême, nous partons avec le Christ traverser ce qu’il a vécu : les quarante jours dans le désert, la Semaine sainte qui s’ouvre lorsque Jésus entre dans Jérusalem, puis nous faisons tout le parcours avec lui jusqu’à sa Passion, sa mort et sa résurrection. C’est une façon d’inscrire dans notre temps et dans notre chair le cœur de la foi chrétienne. Cette notion de progression est présente et, en même temps, elle ne va pas sans la grâce…

Lorsqu’on interroge Kalilou Sylla sur la perspective du Ramadan : « Le Ramadan est la période qui nous permet de « monter d’un cran ». C’est aussi le mois qui permet de renforcer l’éducation spirituelle, dans laquelle doit se lancer tout croyant pendant sa vie : l’objectif est de se purifier autant que possible des défauts spirituels – comme la haine, la méchanceté, l’envie, l’avarice – pour se rapprocher autant que faire se peut de l’excellence – « al-ihsân » – ou du bel-agir, c’est-à-dire la meilleure manière de faire les choses.  

Article à retrouver sur le site la croix.com : https://www.la-croix.com/religion/careme-ramadan-meme-demarche-une-religieuse-et-un-imam-en-debattent-20240216